A la veille de la finale du Longines Championnat du Monde Fégentri des Cavalières et à l’heure venue de sa trentième et dernière étape, sur le « tourniquet » surchauffé de l’hippodrome du Champ de Mars (Ile Maurice), les chances de voir s’inverser le jumelé favori (1. Autriche – 2. France) pour le titre mondial 2016 semblaient bien étroites.
D’une part parce que la seule possibilité pour Lara Le Geay de combler ses 9 points de retard sur Hana Jurankova (score arrêté de 198 à 189, à l’avantage de cette dernière) était qu’elle gagne (+ 20 points à la clé) et que sa rivale soit pas mieux que troisième (+ 8 points) ; ensuite parce que l’autrichienne pouvait bien davantage se voir devant la française, car elle était associée au co-favori Black Gambit (à 7/2 chez les bookmakers), face aux 11/1 de Mr Oshkosh (Lara Le Geay), pointé au cinquième rang du betting, dans un lot de huit partants.
Sans compter qu’à l’ouverture des boites, Mr Oshkosh, bloqué des quatre pieds, a marqué un très fâcheux temps d’arrêt, fort compromettant sur un tel tracé (1.600 m avec deux tournants, ligne d’arrivée de moins de 300 mètres).
Au dernier rang d’une course rondement menée par Larissa Biess (Allemagne, 139 points en temps T, mais sans autre perspective tout au mieux que d’échouer au pied du podium final), Lara Le Geay ne s’est pas retrouvée bien loin de faire la jonction au bout de la ligne d’en face avec Hana Jurankova – elle aussi longtemps pointée dans le dernier tiers, mais refaisant du terrain au ras de la corde.
Déploiement toutes voiles dehors à l’entrée de la ligne droite : ne restaient plus que dix toutes petites secondes (et 200 m) pour l’attribution définitive de l’Eperon d’Or, après la vingtaine d’étapes qui a fait parcourir quelque 80.000 km dans les airs ou sur terre à la représentante française – et davantage à sa rivale, qui a participé à quatre étapes de plus…
Tout en tentant de ne pas virer trop en épaisseur dans le très déportant dernier tournant - et avec autant de risques que Black Gambit de « se prendre un mur » dans sa remontée sur le rideau de tête -, Lara Le Geay est arrivée tout en dehors pratiquement à hauteur de l’animateur (Lividus, la monte de Lara Biess) à mi-ligne droite. Mais Black Gambit aussi, en un éclair, profitant d’un providentiel passage à la corde, bien vu par Hana Jurankova.
Les cinq dernières secondes feront la différence : Mr Oshkosh a avalé Lividus ; mais Black Gambit s’est heurté à la résistance de ce dernier.
Eût-on affiché 1. Mr Oshkosh – 2. Black Gambit, l’Eperon d’Or serait revenu à Hana Jurankova. Mais le jumelé s’est énoncé 1. Mr Oshkosh – 2. Lividus, et Lara Le Geay a été sacrée championne du monde 2016, du plus minime avantage (209 points contre 206).
Arrêt sur image mémorable sur la photo-finish officielle : on y voit Lara Le Geay, regard par-dessus son épaule, coup d’œil interrogatif en retrait à sa droite, pour juger de l’issue de cette si déterminante lutte pour la deuxième place…
Nul final n’aura poussé le suspense aussi loin, au grand dam de l’excellente Hana Jurankova, qui avait jusque-là accumulé cinq victoires d’étapes (Doha au Qatar, Parx aux USA, Budapest, Bro Park en Suède, Vienne), tout comme Lara Le Geay (Cologne, Frauenfeld en Suisse, Pimlico et Penn National pour ses deux prestations aux USA, et Ostende).
Tenante du titre, Joséphine Chini, associée au favori Alberts Day, a été loin de combler ses vues sur la victoire et sur ses 20 points, en sus des 171 points que lui avaient valus ses précédents résultats. Sa septième place l’a créditée d’1 point, de sorte que la Suède demeure sur la troisième marche du podium.
Le sponsor Longines et Air Mauritius, partenaire du week-end international de l’Ile Maurice, n’auront pu espérer plus haletant final, qui a doté d’un écho particulièrement retentissant cette très disputée édition 2016 du Championnat du Monde des Cavalières. A la Fégentri et sa Présidente Nathalie Bélinguier, revient la satisfaction d’un important travail, qui a valu à ce circuit 2016 de porter le nombre de ses étapes à un niveau record (30, contre 26 l’an dernier).
Se félicitant d’avoir attribué à Lara Le Geay le privilège aussi lourd qu’envié d’assumer les chances françaises dans seize pays différents, le Club des Gentlemen-Riders et des Cavalières enregistre qu’en sa quarante-cinquième édition, le Championnat du Monde Fégentri des Cavalières attribue l’Or à la France pour la quinzième fois.
Ainsi le livre d’or consigne-t-il le nom de Lara Le Geay après ceux de Micheline Leurson (1971, 1972, 1978), de Françoise Pons (1975, 1976), d’Edith de Brétizel (1980), de Marie-Josèphe Porzier (1982), de Guislaine Lecomte (1987, 1988), d’Elizabeth Garel (1991), de Christine Rossi (1993), de Catherine Lalleman (1995), d’Isabelle Nicot (2001), de Blanche de Granvilliers (2004) et de Barbara Guenet (2014).
Bravo Lara !