NECROLOGIES : HOMMAGE A NOS DISPARUS
Traditionnellement l’ordre du jour de l’Assemblée Générale du Club programme un hommage à nos disparus.
Il y a toujours le risque d’omettre des ex-Membres, vous voudrez bien nous en excuser.
Le Président Gérard de Chevigny a donc donné lecture d’une série d’hommages que le Club doit à plusieurs notables disparus de ces douze derniers mois.
Charles Cooren
Durant des décennies, le monde des courses a été généreusement servi par la Maison Cooren, immémoriale concessionnaire de la restauration sur les hippodromes de feu la Société Sportive d’Encouragement (Enghien, Saint-Cloud, Maisons-Laffitte, Clairefontaine).
C’était au temps (regretté) où, après chaque course pour amateurs, la Maison Cooren privilégiait systématiquement les Gentlemen-Riders et Cavalières d’un service privé, où vainqueurs et vaincus se retrouvaient en grandes tablées devant verres et couverts, si propices à l’épanouissement de cet « esprit Club » qui constitue le « crédo » de notre cercle.
La création du statut de « Membre Associé », à l’initiative d’Henry de Montesquieu à la fin des Années Quatre-Vingt, a opportunément ouvert les portes du Club à Charles Cooren, tout désigné en l’occurrence, ainsi devenu « des nôtres » avec les lettres de recommandation de Christian Bauer et d’Eric Hoyeau.
Fidèle participant aux manifestations du Club, y associant bonne humeur et malicieux humour, cordialité et civilité, Charles Cooren était un ami, comme il en faudrait tant, pour un monde meilleur.
Emmanuel Tassin
Le monde des courses s’était habitué à la grande silhouette d’Emmanuel Tassin et ne pouvait envisager d’en être privé, jusqu’à l’annonce-choc de sa disparition, à l’été de ses 52 ans, enlevé par une maladie foudroyante.
Au fil des ans, à partir d’un contexte familial déterminant (puisque son père avait été Président de la Société des Courses de Lyon), Emmanuel Tassin a voulu expérimenter toutes les facettes de sa passion du turf, en passant de spectateur à acteur, de la Pelouse à la Salle des Balances.
C’est ainsi que son nom est apparu à la fois dans la colonne des propriétaires (d’abord comme actionnaire de l’Ecurie ABU) et dans l’organigramme des instances dirigeantes (comme Commissaire de France Galop et Vice-Président de la Société des Courses de Lyon). Il est sans doute inutile de rappeler que l’ABU est une association amicale consacrée à la pérennité des traditions d’élégance et de sportivité dans le monde des courses, en laquelle le Club compte de nombreux membres associés et amis
Mais aussi, Emmanuel Tassin avait connu les plus hautes satisfactions comme copropriétaire de la « Cendrillon » Siljan’s Saga, qui a gagné le Grand Prix de Deauville et a été la meilleure française de l’Arc de Triomphe 2016, en s’y classant quatrième.
Agrégé en mathématiques, bénévole profondément engagé dans le monde des courses, à l’instar de son frère Hubert, Emmanuel Tassin faisait également autorité sur le plan professionnel, dans le domaine du conseil en actuariat et de la gestion des risques en entreprise
Le Club s’honore de l’avoir compté parmi les siens, comme Membre Associé, et conservera respectueusement le souvenir d’Emmanuel Tassin, gentleman dans le plus valorisant sens du terme.
Laurence Cheyer-Barreaud
Le Club a perdu au début de cette année une de ses cavalières les plus unanimement appréciées, en la personne de Laurence Cheyer-Barreaud. Sœur de Franck Cheyer, qui fut Gentleman-Rider puis jockey et est maintenant entraîneur, tante de la jeune talentueuse Cavalière actuelle Perrine Cheyer, Laurence Cheyer-Barreaud a mené de pair ses obligations professionnelles dans l’industrie pharmaceutique et sa passion du cheval, comme permis d’entraîner en Bretagne, où elle a aussi fixé un élevage, notamment crédité du futur étalon Désir de Mai, avec le soutien de sa grande amie Annie Casteu. Imprégnée des fondamentaux de l’amateurisme, elle avait toujours fait tout son possible pour faire monter des Gentlemen et des Cavalières, même débutants.
Laurence Cheyer-Barreaud aura été l’exemple même de profil, dont se prévaut l’amateurisme, mais aussi le Club.
Le Président a enchaîné en consacrant des hommages particuliers à quelques figures notables, auxquelles le Club a beaucoup dû, même si elles n’en ont pas été membres.
Mme Pierre Danloux
Personnalité de caractère et de profonde humanité, reconnue pour le respect qu’elle a unanimement inspiré auprès de tous, grands et petits de ce monde, Mme Pierre Danloux nous a quittés à l’âge de 89 ans
Assurément, elle laissera une empreinte tout particulièrement vivace dans le cercle qui est le nôtre, parmi toutes celles et ceux que leur passion du cheval a fait confluer chez elle, notamment en sa propriété des Tourelles, dans la foulée de ses fils Robert (ex-Président du Club) et Frédéric, ainsi que de ses filles Adélaïde (Mme Christophe de Chevigny) et Sophie (Mme Loïc de Gibon), au détour de leurs péripéties hippiques, après les victoires comme après les défaites…
La multiplicité des succès de ses fils et de ses filles sur les hippodromes et sur les terrains de concours, n’a fait qu’ancrer plus profondément encore, dans l’histoire de l’équitation et des courses, le patronyme de Danloux, synonyme de Cadre Noir.
Mais ces multiples succès auront porté la marque personnelle de Mme Pierre Danloux, pour laquelle on ne pouvait prétendre à l’excellence, sans rigueur, sans abnégation, avec une profonde méfiance pour la facilité et le paraître…
Son souvenir demeurera aussi vivant qu’elle.
Mme Geneviève du Breil
Epouse d’Alain du Breil, qui fut l’un des plus influents Présidents de feu la Société des Steeple-Chases de France, Mme Geneviève du Breil s’est éteinte aux lendemains du Jockey-Club, là où tout le monde à Chantilly la connaissait, dans le périmètre historique du terrain des Aigles.
Madame du Breil, dont la casaque avait été portée par le champion miler The Wonder, a marqué tous ceux qui l’ont croisée, par sa vivacité d’esprit, qui lui conférait une autorité reconnue.
Elle n’ignorait rien de la cause des amateurs en général, et des Cavalières en particulier, dès lors que sa belle-mère Mme Eira du Breil avait été la Présidente fondatrice du Club des Amazones de France, créé en 1960, tandis que son beau-père Charles du Breil avait lui-même été Président du Club des Gentlemen de 1946 à 1951.
Geneviève du Breil a transmis sa passion à ses enfants, Charles, Jérémie et Christine du Breil (laquelle est aujourd’hui Commissaire de France Galop, mais aussi mère de Julie Laurent-Joye et de Jeremie Laurent-Joye, tous deux connus sous la casaque comme amateurs, puis très impliqués dans la création du Championnat des Grandes Ecoles, sous la présidence d’Erik Chombard de Lauwe).
Avec Mme Geneviève du Breil, maillon d’une dynastie à laquelle le Club doit énormément, se sera tournée une page particulièrement riche de l’amateurisme en France.
Mme Véra Bauer
Mère de notre camarade Christian Bauer, Mme Véra Bauer laissera le souvenir d’une personnalité de haute distinction, dont la longue vie - elle a rendu l’âme à l’aube de ses 103 ans - a fait le très précieux témoin de temps oubliés, entre Maisons-Laffitte et le Haras de la Rablais, terroir d’élevage de son époux, M. Pierre Bauer.
Les plus anciens mansonniens se souviennent de multiples épisodes de la saga hippique « Bauer », partagés par les familles Head, Kalley, Doumen, Lieux, etc., notamment pendant l’Occupation et à la Libération Au sein de la génération des Gentlemen contemporains de Christian Bauer, beaucoup se souviennent de l’hospitalité distinguée et naturelle de Mme Bauer, en Touraine, où M. Pierre Bauer, industriel amoureux du cheval, avait fixé son élevage, qui avait connu les plus grands honneurs dans les Années Cinquante.
Au cours des multiples épisodes de fortune et d’infortunes qui ont émaillé son époque, Mme Véra Bauer a brillé de sa présence et de sa prestance, laissant un impérissable souvenir à tous ceux qui l’ont connue.
Comtesse Marie de Saint-Seine
La Comtesse Marie de Saint-Seine, s’est éteinte à l’âge de 106 ans, au début de cette année. Née Dampierre, elle avait des attaches avec les courses par son père, casaque blanche, manches et toque noires. La propriété familiale de Plassac, en Charente, abritait un centre d’entraînement privé, où notre collègue Bernard de Saint-Seine, son fils, a fait connaissance du galop de course dès son plus jeune âge, pour ensuite devenir l’un des tout meilleurs Gentlemen de son époque.
La disparition de Mme de Saint-Seine, qui a traversé tant de décennies chahutées et a tracé le chemin à sa descendance, invite à mesurer l’importance capitale de la transmission des valeurs, marque de sa famille.
Sa disparition nous commande le devoir de souvenance.
A Bernard, actuel Président de notre section Vétérans, à sa sœur Marie-Cécile, propriétaire d’une casaque qui a eu les honneurs du succès au plus haut niveau à Auteuil, le Club adresse ses plus respectueuses condoléances, à la mesure du respect inspiré par leur mère.
Mr Jean-Yves de Vaubernier
Père de notre collègue Bruno de Vaubernier, membre du Bureau du Club, beau-père de Blanche de Granvilliers, notre vice-Présidente, M. Jean-Yves de Vaubernier est décédé en avril dernier.
Les Balances des hippodromes parisiens se souviennent de sa distinguée silhouette, rappelant le dicton selon lequel, « le chic, c’est une forme de respect d’autrui », et faisant regretter qu’aujourd’hui, dans les mêmes Balances, la mise des gens se soit tant avilie…
Fin connaisseur des courses, fin analyste du « papier », comme on dit, et reconnu comme tel par les gens du sérail, Jean-Yves de Vaubernier avait l’oreille de nombreux professionnels ; mais aussi, n’ignorait rien du monde des amateurs, ami notamment d’Emmanuel de Mony-Pajol et de Christian Bauer.
De sa connivence avec l’entraîneur mansonnien Pierre Pelat, a résulté l’arrivée chez ce dernier de son fils Bruno, assidu de l’entraînement matinal à Maisons-Laffitte dès son plus jeune âge, jusqu’à son accès au statut de Gentleman-Rider.
En marge de ses obligations professionnelles dans le commerce international, Jean-Yves de Vaubernier complétait sa nature innée de Gentleman-farmer dans sa propriété sarthoise, réputée pour ses chasses. C’était ce qu’on appelle « une figure », dont le legs survit au Club, non seulement via Bruno et Blanche, mais aussi par les nombreux amis qu’il y comptait.
Après lecture de ces hommages, l’assemblée a été invitée à se lever et à observer une minute de silence en l’honneur des disparus cités.