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A Freddy Tett, un mérité 120ème Prix de France

Epreuve historique dans la saga d’Auteuil, le Prix de France s’impose comme un Graal, immémorial Grand Steeple-Chase des Amateurs, avec son prestigieux Livre d’Or, où tout cavalier d’obstacle rêve de figurer.


Epreuve la plus convoitée ? Historiquement, ne donne-t-elle pas le droit à son vainqueur d’une entrée à vie à Auteuil, même si les programmes de courses d’aujourd’hui, dans leur libellé formaté, ne mentionnent plus cette singularité ?


Pour sa 120ème édition, la chronique retiendra le nom du Gentleman anglais Freddy Tett, unanimement connu et reconnu sur les pistes françaises – sauf que lui manquait désespérément une première victoire à Auteuil.


Pourtant, ce sont les programmes d’Auteuil qui avaient enregistré sa toute première apparition sur une affiche « Premium » française, à la faveur d’une invitation que lui avait adressée le Club, pour combler une « wild card » dans le Prix Maréchal Foch, épreuve officielle du Championnat du Monde Fégentri des Gentlemen-Riders et Cavalières d’Obstacle.


C’était en 2014. L’entraîneur cantilien Christo Aubert avait sportivement cédé à l’insistance du Club et participé ainsi à valider le caractère international de la course, en confiant l’outsider Messire Fontenail à ce jeune GR britannique dont on ignorait tout. Et de fait, la seconde place de son pensionnaire, à 30/1 sous les couleurs de Claude Gautier (Membre Associé du Club), seulement devancé par Silver Chop (Edouard Monfort), avait immédiatement inspiré à Christo Aubert les plus flatteurs superlatifs à l’endroit de Freddy Tett.

Cette première remarquée à Auteuil, un jour de Grand Steeple, a compté. Le talent de Freddy Tett, qui, deux ans plus tôt, avait revêtu une casaque française en tout anonymat et sans lendemains à Pompadour, a fait le reste.


Désormais appelé pour monter de plus en plus fréquemment en France, dédaignant les miles accumulés par milliers pour la découverte des plus variés cross-countries de nos provinces, il s’est fait un nom, un palmarès tous azimuts (du cross du Lion d’Angers à celui de Pau, en passant par l’expérience unique du Point-to-Point de Château Gontier), et une multitude d’amis – bref, un Gentleman-Rider tout aussi excellent Gentleman qu’excellent Rider.


Freddy Tett a parallèlement écumé les circuits des Championnats du Monde-Fégentri. En 2014, crédité de 157 points et seulement devancé par Maxime Denuault (173) pour l’Eperon d’Or, la seconde marche du podium lui a été subtilisée, au motif politico-économique que le Club des Amateurs anglais avait quitté la Fégentri (Fédération Internationale des Gentlemen-Riders et des Cavalières)…

Par la suite, il a contribué avec Maxime Denuault et Gonzague Cottreau à la création du circuit franco-irlando-anglais The Gentlemen’s League, bientôt additionné au circuit d’obstacle continental d’obstacle de la Fégentri. D’où une complicité déterminante avec ses complices « froggies », les précités Maxime Denuault et Gonzague Cottreau, rivaux devenus amis au fil de leurs pérégrinations internationales « Fégentri » sur deux ou trois saisons - échantillons : Merano, Pardubice, Waregem, Auteuil, Deauville, Cagnes, Madrid, Stromsholm, Baden-Baden, Parx USA, Rome, Doha, etc.


Et pourtant. Sept années de disette à Auteuil, en dépit de multiples accessits… Dont ceux, marquants, du « Maréchal Foch » 2015 (car concédé à la photo-finish, courte tête à l’actif de Kilian Dubourg…) et du « Duc d’Alburquerque » 2020 (car obtenu avec Darling des Bordes, qui sera sa monte gagnante de ce 120ème Prix de France)…

Sept ans, qui ont conforté Freddy Tett dans sa conviction, selon laquelle Auteuil était le « top du top » pour un cavalier d’obstacle. Et qui ont conforté ses amis dans leur conviction que ce Freddy Tett était des leurs - notamment au sein du Club, auquel il a tenu à adhérer, non des moindres pour y faire valoir ses atouts de convivialité et de chaleureuse sportivité, avec un zeste d’excentricité pur sang anglais…


Prix de France 2020. Cinq partants seulement (avec cinq allocations en jeu) – soit quatre rivaux de trop quand même, si l’on se met à la place de chaque concurrent... Mais la double chute survenue à l’open-ditch (celle du cadet Thomas Journiac entraînant celle de la Cavalière tête-de-liste Tracy Menuet, elle aussi étonnamment en attente d’une première victoire à Auteuil) a fait craindre le pire, tant que ne serait pas franchie la dernière haie par les trois rescapés (*).

Momentanément menacé à l’abord de la dernière haie par Léo-Paul Bréchet, associé à Politikar (même casaque de Mme Papot, même entraînement Guillaume Macaire), Freddy Tett l‘a décroché sur le plat. Au troisième rang, Mlle Cathy Joubert goûtera la double satisfaction de cet accessit, acquis avec un cheval débutant à Auteuil – tout comme elle (**).

Freddy Tett avait toutes les raisons d’y croire ; mais, passé le poteau, sa joie l’a submergé - était-ce effectivement croyable ? -. Le voilà entré dans le club fermé de cette petite centaine d’ « éternels » du Prix de France, depuis le premier d’entre eux, en 1889, M. E. Martinié, sous ses propres couleurs.

Au demeurant, Freddy Tett a placé à l’entraînement en France trois représentants de la casaque familiale, partagés entre Chantilly (chez son ami Hugo Mérienne, ex-GR pointé au palmarès du Prix Duc d’Alburquerque) et Nozay en Loire Atlantique (chez Pierre Fertillet, ex-top GR, qui a sellé un gagnant mémorable pour Freddy Tett à Waregem).

C’est sans doute un cliché facile, que d’affirmer que le plus francophile des Gentlemen britanniques est animé par la passion des courses. Le mot passion est certes galvaudé ; mais il se comprend des deux côtés de la Manche… Isn’t it ?


NB : voir l’interview de Freddy Tett, sous la signature de Anne-Lise Echevin, dans l’édition du 18 novembre de Jour de Galop.


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(*) Il est vrai qu’aujourd’hui, le Code des Courses interdit de remonter quand on est tombé. Les générations antérieures de Gentlemen se félicitent de ces temps où c’était permis. Ceux des Sixties gardent notamment en mémoire un rocambolesque Prix de France 1960.


Tout s’y était arrêté sur un « pile » collectif sur le rail-ditch, suivi d’échecs répétés pour tenter de le franchir. Tout çà, avant que le GR Daniel Moulin, antérieurement tombé à la Rivière des Tribunes et heureux de quitter indemne cette galère, au chaud du vestiaire, ne s’y fasse tirer par la manche et ne soit invité à retrouver son cheval, à le remonter – jusqu’à passer sans encombre le rail-ditch en solitaire au nez et à la barbe de ses rivaux restés en plan, ainsi que tous les obstacles restants… Le rapport du juge à l’arrivée, resté plus d’un quart d’heure sans rien voir arriver, s’est limité à « 1er Le Tyrolien (M. Daniel Moulin), tombé, remonté ».


Et deux ans plus tard, seulement deux rescapés, tous deux désignés « refusé, ramené », après un nouveau « pile » général au rail-ditch, atténué par le fait que ces deux concurrents soient heureusement parvenus à le franchir au second essai (d’où une heureuse cinquième victoire de Prix de France à l’actif de Christian Seguin – un record égalé ultérieurement par Jean-Hugues de Chevigny).


Il y aura aussi l’édition 1979, limitée à deux rescapés, affichés « loin » l’un de l’autre après une course hécatombe (Sarment et Relfin, respectivement montés par Gérard de Chevigny et Robert Danloux). Pourtant, De Seri (Christophe de Chevigny) avait bel et bien glané la 3ème place, après être tombée et avoir été remontée. Mais elle avait été distancée, les Commissaires ayant considéré en leur zèle infini (?) qu’elle n’avait pas été remontée à l’endroit exact de sa chute, mais quinze mètres plus loin (en l’occurrence, à la réception de la dernière haie, alors qu’elle était à la lutte pour une hypothétique victoire avec ledit Sarment)… Encore plus loin et plus tard, le poteau d’arrivée sera franchi par un autre « tombé remonté », Lady Gladys, qui s’était séparée de Frédéric Danloux à la Rivière. La péripétie visait la quatrième allocation ; l’inattendu distancement de De Seri lui a valu une inespérée 3ème place sur le tapis vert…


(**) La chronique du Prix de France désigne, comme première femme à s’y être placée (4ème en 1976), Mme Elizabeth Wilcox, devenue Mme André Fabre. En fait, la première cavalière à être devenue « éternelle d’Auteuil » en écho à une double mention victorieuse au féminin au palmarès de la course (1984-1985), aura été Mme R. Masurel, née Sylvie de Rouälle. Par la suite et au même titre, s’inscrira à double reprise l’iconique Mlle Barbara Guenet – sachant que c’est par son intermédiaire que Freddy Tett a gagné la confiance de Guillaume Macaire...


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