Emmanuel de Mony-Pajol : le Club s'incline.
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LETTRE INTERNE - CLUB DES GENTLEMEN-RIDERS ET DES CAVALIERES
« C’était un personnage » : la formule est de circonstance, à l’heure des condoléances ; mais dans le cas d’Emmanuel de Mony-Pajol, elle aura vraiment revêtu tout son sens.
Parvenu plus tard que d’autres dans la colonne « Gentlemen-Riders », avec une licence obtenue au cap de la trentaine et étayée des recommandations de Bernard de Saint-Seine et de François de La Sayette (en 1965), Emmanuel de Mony-Pajol avait été admis au Club en 1972, parrainé par Pierre Devort et Me Berthold Lipskind.
Il avait expérimenté le galop rasant à Maisons-Laffitte, accueilli par Jean Sens, puis par Bernard Margueritte. Sur la même voie, son frère cadet Robert deviendra entraîneur de renom à Chantilly.
Vite désigné par ses cadets dans les vestiaires sous le familier sobriquet de « Papy », montant le plus souvent sous sa propre casaque, c’est pourtant en Emmanuel de Mony-Pajol que le Club aura reconnu l’un de ses membres ayant le plus contribué à lui donner un « coup de jeune ».
De fait, ce coup de jeune s’est d’abord manifesté au sein de la toute nouvelle « Commission des Relations Extérieures », dont il avait été l’un des initiateurs, au début des Années Quatre-Vingt, avec Gilles Forien, Christian Bauer et Olivier de La Garoullaye. A l’initiative de cette commission, désireuse de soumettre de nouvelles missions au Secrétariat du Club et à son exécutif, se sont développées de nombreuses et diverses manifestations d’ouverture visant à mettre le Club en valeur, prioritairement au-delà de son cercle restreint, en un entre-soi qui avait été le cas pendant un demi-siècle – et entre Messieurs seulement… - : réceptions, partenariats, événements, compétitions multi-sports, promotion de la mixité avant même la fusion du Club des Gentlemen avec celui des Cavalières, etc. Une fronde, peut-être ; un coup de jeune, à coup sûr.
Affectant une désinvolture amusée en toutes circonstances, volontiers « agitateur d’idées » - et ce, a fortiori dans les milieux les plus mondains et les plus compassés -, volontiers adepte de postures anticonformistes et provocatrices, avec un sens aigu du paradoxe, Emmanuel de Mony-Pajol cultivait cette image un brin « Bohème » et « coup de pied dans la fourmilière ».
Mais ses amis les plus proches, aussi nombreux (sinon plus nombreux) parmi ses cadets (les Hoyeau, les Danloux, etc., pour ne citer qu’eux) que parmi ses contemporains (fameux inaltérable trio avec Christian Bauer et André Priolet), étaient là pour témoigner que « Papy » était bel et bien totalement « dans le positif ». Tout, sauf un « y a qu’ à, faut qu’on », qui aurait été uniquement critique, uniquement là à « secouer le cocotier » …
Pour en attester, il suffisait d’ailleurs de rappeler les très concrètes responsabilités professionnelles qui étaient les siennes « dans le civil » à la direction générale d’une grosse entreprise dans le secteur des BTP ; mais aussi, au titre de bénévole, comme Trésorier du Club, où sa rigueur et la précision de ses investigations ont grandement servi l’intérêt de l’association. Il n’était plus là « en amateur », assurément…
Il avait donné sa démission du Comité en 2011 (date où sa casaque a cessé de paraître, aux soins de Jehan Bertran de Balanda), mettant un terme à quatre décennies comme membre du Club, sous sept présidences successives, et déclarant se vouloir en phase avec son leitmotiv : faire plus de place aux jeunes.
Grand sportif (pas seulement les lots du samedi à Chantilly, mais aussi le vélo dans les rues de Paris), écolo avant l’heure, amateur d’art moderne, amoureux de la vie, malicieux, très cultivé, ami fidèle sans exclusive, maniant un humour d’irrésistible causticité, Emmanuel de Mony-Pajol était « un personnage ».
« Nez au Vent » ; tel était le nom de la péniche où il avait choisi d’habiter, durant de longues années, sur les quais de la Concorde, joyeux havre d’hospitalité pour ses inconditionnels, issus de tous bords, droite et gauche, annexe fluviale du Club : cette appellation « Nez au Vent » ne pouvait mieux s’appliquer qu’au généreux maître des lieux.
Il nous a quittés le 8 mai dernier dans sa quatre-vingts neuvième année, emporté par une fulgurante maladie.
Bon vent, Emmanuel. Sinon « Monsieur Papy », comme disaient les lads l’accueillant aux petits matins des Aigles, et qui l’adoraient.
A son épouse Alix, à ses enfants et petits-enfants, le Club adresse ses plus sincères condoléances. La cérémonie religieuse de son rappel à Dieu aura lieu le jeudi 15 mai à 10 heures, en l’église Saint Philippe du Roule, à Paris.
Gérard de Chevigny